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[Ministère et évangélisation dans la société canadienne contemporaine]

Les deux articles suivants ont déjà été publiés dans le Canadian Free Methodist Herald et sont préparés en vue de leur publication dans un livre (Copyright 2002  Robert D. Clements).  Ces articles focalisent notre attention sur comment parler aux autres au sujet de Christ dans un contexte pluraliste.  Suivant ces deux articles, vous trouverez une bibliographie et des commentaires sur une série de travaux en rapport avec le ministère et l’évangélisation dans notre société canadienne contemporaine. 

AU DELÀ DU MORALISME

« Eh bien, cela est peut-être vrai pour toi mais ça ne l’est pas pour moi. »

« Je ne peux croire que tu es assez stupide pour croire que Jésus est le seul chemin qui mène à Dieu. »

Comment pouvons-nous répondre à des personnes qui disent de telles choses?  Au Canada, beaucoup de chrétiens ne savent pas comment répondre.  Depuis plus de mille ans, l’église chrétienne a dominé la culture occidentale.  Aujourd’hui, cependant, les chrétiens sont de plus en plus exclus du discours public.  Ils ne sont qu’une minorité parmi un nombre grandissant de groupes qui ont des intérêts divers.  Il en résulte que le pluralisme (plusieurs croyances) constitue le défi le plus grand auquel l’église doit faire face aujourd’hui. 

Quel pluralisme?

Le défi du pluralisme confronte l’église à plusieurs niveaux.  Il y a le pluralisme politique qui nous permet d’exprimer nos propres opinions.  Il y a aussi le pluralisme culturel qui décrit un pays comme le Canada où on encourage les gens à exprimer leur héritage culturel. Ces formes de pluralisme ne sont pas chrétiennes mais elles nous incitent fortement à penser plus sérieusement à des façons de rejoindre ces divers groupes culturels et à respecter les croyances politiques des personnes qui sont en désaccord avec nous.  Fait intéressant, certains historiens avancent que la tolérance du Canada pour la diversité culturelle et politique proviendrait justement de leur héritage chrétien. Ils nous font remarquer que plusieurs pays musulmans ont très peu de tolérance pour ceux qui ne pensent pas comme eux.  Certains pensent même que le « laïcisme » serait une invention chrétienne! 

On doit absolument réaliser, toutefois, qu’on doit bien faire la distinction entre le pluralisme culturel/politique  et le pluralisme religieux.  Le pluralisme religieux maintient que toutes les religions sont égales et qu’il serait mal d’affirmer le contraire.  Le pluralisme culturel, cette idée qui infirme que toutes les expressions culturelles sont toutes relatives, provient de la Bible (Ex. : Actes 15).  Mais le pluralisme religieux n’est pas compatible avec tout ce que la Bible enseigne au sujet de Jésus, qui il est et tout ce qu’il a fait.  Jésus a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, aucun homme ne vient au Père que par moi » (Jean 10.14).  Il n’a pas prétendu être un sauveur parmi d’autres; il a déclaré qu’il était le sauveur.

Cependant, si les Écritures sont aussi claires à ce sujet, pourquoi la pensée pluraliste est-elle aussi commune aujourd’hui?  Comment s’est-elle infiltrée dans l’Église?  Un des facteurs qui ont le plus contribué à cela est le moralisme religieux.  Le dictionnaire Webster définit le moralisme comme « une emphase souvent exagérée de la moralité. »  Les chrétiens croient bien sûr que les gens doivent s’efforcer de suivre les règles de la morale selon la grâce de Dieu.  Mais, le moralisme religieux va toutefois plus loin.  Les moralistes croient que la chrétienté ne concerne que les décisions humaines, que le fait de vivre selon la morale.  Les moralistes semblent dire que nous pouvons gagner notre salut par nos bonnes œuvres et décisions face à Dieu.

Bien sûr, ils admettent que nous sommes tous pécheurs, mais chacun a le pouvoir intérieur de changer, de se détourner de leurs péchés et de suivre Dieu.  Toutes les personnes sont créées égales, disent-ils, mais certains choisissent de suivre Dieu et d’autres le rejettent.  Dieu rejette ceux qui ne le choisissent pas et il récompense ceux qui s’aident eux-mêmes.

Parmi les nombreux problèmes reliés au moralisme, voici les trois plus importants.

 #1) Le moralisme est contraire aux Écritures

Jésus a dit, « Ce n’est pas vous qui m’avez pas choisi mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jean 15.16).  La Bible enseigne que nous sommes sauvés par la grâce, à travers la foi. Nous ne gagnons pas notre salut ni par nos œuvres, ni même par notre capacité de choisir.  Jésus a dit que personne ne vient à lui à moins que le Père ne l’attire en premier (Jean 6.44).  Cela nous place au cœur de ce que les théologiens appellent « la doctrine de l’élection ».  Cette doctrine est basée sur la croyance que, contrairement à nos sensibilités centrées sur nous-mêmes, Dieu choisit certaines personnes pour atteindre ses buts – et non pas d’autres personnes – du moins, pour le moment. 

Cet appel que Dieu nous lance n’est pas basé sur notre réaction envers lui; il s’agit de la grâce prévenante.  Cela veut dire que le Saint-Esprit est déjà à l’œuvre pour préparer notre réponse, en nous attirant dans les desseins de Dieu.  Nous ne sommes donc pas sauvés par notre propre décision de suivre Dieu mais nous sommes sauvés par Dieu lorsque nous nous éveillons et répondons par la foi à Dieu qui nous a choisis d’avance en Jésus-Christ.

De nombreuses personnes ne sont pas à l’aise avec le mot prédestination (élection) parce que certains théologiens ont dit que la prédestination (l’élection) signifie que Dieu détermine quelles  personnes vont au ciel et quelles personnes vont en enfer. 

Les méthodistes libres rejettent cette compréhension de l’élection, souvent appelée le point de vue « inconditionnel » de l’élection.  Malheureusement, ce ne sont pas toutes les personnes attirées par le Saint-Esprit qui y répondent.  Certains résistent au Saint-Esprit, rejettent Christ, et sont condamnées.  Jésus dit : « Voici le jugement : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière » (Jean 3.19).  Les Écritures nous enseignent que les humains peuvent se séparer de Dieu.  L’enfer est ce que les chrétiens appellent la séparation ultime et finale d’avec Dieu.

L’élection est une vérité biblique puissante et indéniable.  Il est mal de dénier cela. Par contre, ce n’est pas à nous de déterminer qui est élu et qui ne l’est pas, comme certains chrétiens l’ont fait à travers l’histoire.  Il est beaucoup plus important pour nous de nous demander quel travail nous avons à faire en rapport avec cette élection, soit comprendre que le but de Dieu en nous élisant est d’amener « le salut jusqu’aux confins de la terre. » 

Il pourrait être utile à ce point-ci de faire la distinction entre un « mystère théologique » et un « problème théologique ».  Un problème théologique est un obstacle pratique qui nous empêche de vivre notre foi.  Un problème paralyse le croyant afin qu’il ne puisse pas agir selon sa foi.  Un problème doit être résolu afin que le chrétien suive Christ.  Par exemple, Martin Luther a fait face à un problème théologique lorsqu’il a réalisé qu’il ne pouvait se sauver lui-même en faisant de bonnes œuvres.  Le problème de Luther était d’origine humaine et la résolution de ce dilemme s’est produite grâce à un examen approfondi de la Parole de Dieu révélée dans les Écritures.  Il a alors découvert que Dieu nous a clairement révélé que le salut vient par la foi et non par les bonnes œuvres.  Il n’y a aucune ambiguïté dans la Bible à ce sujet.

Un mystère théologique, par contre, est quelque chose qui est au-delà de notre compréhension, mais en même temps quelque chose que nous ne devons pas nécessairement comprendre afin de fonctionner comme chrétiens. La réponse correcte à ce mystère est d’avoir confiance, de croire au caractère personnel de Dieu, tel qu’il s’est révélé personnellement à nous.  La réponse incorrecte à un mystère théologique est d’assumer ce que Dieu a laissé sans réponse.  La plupart des hérésies chrétiennes ont débuté lorsque des personnes ont tenté de définir ce que Dieu avait laissé « indéfini ».   

Il faut noter que le mystère théologique demeure au cœur même du christianisme. Comment Jésus peut-il être un homme et en même temps  être Dieu? (la Trinité).  Comment est-ce que la mort d’un seul homme, il y a deux mille ans, pourrait-elle enlever mes péchés aujourd’hui? (l’expiation) Si Dieu est tout puissant et bon, pourquoi permet-il que le mal et la souffrance existent?  (la création)  La plupart des hérésies à travers l’histoire ont débuté en tentant de rationaliser ce que Dieu a laissé sans explication, ou ce que nos esprits limités ne peuvent pas saisir.

Il est clair que les Écritures enseignent que Dieu nous a choisis en Christ avant le commencement du monde.  Et pourtant, la Bible affirme aussi que nous sommes responsables de nos actes.  De plus, Dieu a parfois semblé changer d’idée (souvenons-nous de l’histoire de Jonas).  Selon la tendance historique, les chrétiens s’attachent à certains passages et en rejettent d’autres, ce qui résulte en une division en deux camps à ce sujet: Par exemple Wesley d’un côté et Calvin de l’autre.  Cette sorte de sélectivité devrait nous faire prendre conscience qu’en fait la Bible ne confirme ni la prédestination, ni le libre arbitre, mais plutôt des éléments des deux. Certains événements ont vraisemblablement été prédestinés (Apocalypse 22), alors que d’autres semblent être conditionnels à la réaction humaine.  La Bible est ambigüe à ce sujet et cela est le premier indice que nous avons ici affaire à une question qui devrait être catégorisée comme un « mystère théologique » qui est au-delà de notre compréhension humaine limitée.       


#2) Le moralisme ignore les faits qui mènent les gens au pluralisme.

La phrase « Tous ont été créés égaux » ne provient pas de la Bible;  elle fait plutôt partie de la Constitution américaine, qui est destinée à protéger les droits légaux de tous les êtres humains, ce qui convient donc à l’arène politique.  Mais au plan théologique, les chrétiens croient en une valeur humaine soutenue par le fait que nous avons été créés à l’image de Dieu et n’est pas confirmée par un document légal.  

La triste réalité spirituelle est que certaines personnes, à cause des défis physiques et mentaux, ne bénéficient pas d’opportunités égales pour accepter Christ et vivre selon l’Évangile.  Certaines personnes n’ont même pas de bible dans leur langue.  Certains ont des problèmes cognitifs ou des maladies mentales qui leur nuisent dans la prise de décisions.  Aujourd’hui, des millions de gens autour du monde n’ont pas entendu parler de l’Évangile de Jésus-Christ tout simplement parce qu’ils sont nés au sein d’une culture différente, et des billions de personnes de plus sont mortes sans jamais avoir connu le nom de Jésus-Christ. 

Les chercheurs honnêtes veulent savoir comment le christianisme gère ces questions, et une réponse chrétienne honnête au pluralisme doit s’occuper de ces réalités, qui deviennent de plus en plus évidentes quand nous apprenons au sujet des autres cultures.  Le moralisme ne peut fournir de telles réponses.  Par contre, à force d’idolâtrer le pouvoir humain pour changer, cela produit un légalisme mortel et une insensibilité culturelle.  Pire que cela, à cause du déni de notre péché originel bien ancré et notre inaptitude à nous changer nous-mêmes, sauf avec l’aide du Saint-Esprit, les moralistes cataloguent tous ceux qui ne peuvent pas vivre selon leurs standards comme étant ignorants ou paresseux.  Il est facile de comprendre pourquoi les gens réagissent si fortement contre cela.

#3) Le moralisme Chrétien tombe en pièces dans une société pluraliste

Plus que jamais dans l’histoire de l’Amérique du Nord, les chrétiens sont exposés à toutes les sortes de religions qui existent dans le monde. Tel qu’un observateur chrétien l’a formulé, « La fin du monde est rendue au coin de la rue. » La ville canadienne de Surrey, en Colombie britannique, dénombre maintenant la plus grande population de Sikhs parmi toutes les villes du monde. On sait même que d’après les statistiques, les Nord américains connaissent au moins une personne qui adhère à une religion non chrétienne, ou à une nouvelle religion telle que l’Église des saints des derniers jours (mormonisme).  Il en résulte donc qu’il est plus important que jamais auparavant que les chrétiens pensent clairement à leur façon de percevoir les autres religions.    

Au niveau pratique, les chrétiens inclinés au moralisme n’ont aucune défense contre le pluralisme.  Si Dieu nous juge selon nos intentions seulement, alors pourquoi les bons boudhistes et hindous ne seraient pas aussi sauvés?  Qu’est-ce qui fait que Jésus est aussi spécial dans un monde rempli de religions?  Le moraliste ne trouve aucune réponse à cette question sinon de concéder que toutes les religions sont bonnes en autant qu’elles produisent de bonnes personnes qui ont une bonne conduite; et voilà que le moraliste chrétien cesse d’être un chrétien.

Toutefois, si nous lisons attentivement les Écritures nous voyons que le moralisme n’est pas à la même hauteur que le christianisme biblique.  On doit faire un choix entre les deux : soit que le moralisme est juste et la Bible est fausse, ou c’est plutôt le contraire.

La Bible révèle le plan du salut de Dieu pour tous les peuples de partout et non pas seulement pour les canadiens anglophones.  Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de questions importantes que l’église devrait poser au sujet des autres cultures et des autres croyances.  Comment doit-on aborder les autres religions?  Qu’arrive-t-il aux personnes qui n’ont jamais entendu parler de Jésus?  Pour répondre à ces questions, nous devons revenir aux Écritures et réapprendre ce que signifie « faire partie du peuple choisi de Dieu ».

Comment pouvons-nous développer une foi opérationnelle pour une société pluraliste?  Tu commences à lire l’histoire de Dieu, tu tentes de voir où tu es rendu, et ensuite, tu essaies de comprendre le programme. Tu essaies de découvrir et comprendre ce que Dieu a fait dans la vie de diverses personnes telles qu’Abraham, Isaac, et Jacob.  On en vient à faire des parallèles entre David, le roi d’Israël, et Jésus, le Roi des Juifs.  Cela nous aide à nous voir, dans notre contexte, avec les yeux de la Bible.  De nos jours, cela nous fait réfléchir et nous montre comment des personnages bibliques tels que Daniel, Shadrach, Meshach et Abednego ont agi et travaillé dans leur contexte païen.

C’est en faisant cela que nous réalisons ce qui est important pour Dieu.  Et nous commençons alors à nous voir nous-mêmes comme participants dans l’histoire de Dieu centrée sur la rédemption plutôt qu’en tant que personnes qui sont responsables de changer le monde nous-mêmes.  Nous avons tous et chacun besoin qu’on nous le rappelle à l’occasion.

Autres lectures pertinentes

Pinnock, Clark H., WIDENESS IN GOD’S MERCY: THE FINALITY OF JESUS CHRIST IN A WORLD OF RELIGIONS (Grand Rapids: Zondervan, 1992).
(Sur la grandeur de la miséricorde de Dieu et le caractère définitif de Jésus dans un monde de religions)

Newbigin, Leslie, THE GOSPEL IN A PLURALIST SOCIETY (Grand Rapids: Eerdmans, 1994).
(Un livre sur l’Évangile dans une société pluraliste)

Boyd, Gregory A., GOD OF THE POSSIBLE: A BIBLICAL INTRODUCTION TO THE OPEN VIEW OF GOD, (Grand Rapids: Baker Books, 2000).
(Le Dieu du possible, une introduction biblique au point de vue ouvert de Dieu)

Walsh, Brian J.; Middleton, J. Richard, TRUTH IS STRANGER THAN IT USED TO BE : BIBLICAL FAITH IN A POSTMODERN AGE (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1995).
(La vérité est plus étrange qu’elle ne l’était auparavant: la foi biblique à l’âge post-moderne)

J. N. D. Anderson, CHRISTIANITY AND COMPARATIVE RELIGION (London: Tyndale Press, 1970).
(La chrétienté par rapport aux autres religions)

Kreeft, Peter, A REFUTATION OF MORAL RELATIVISM: INTERVIEWS WITH AN ABSOLUTIST (Ignatius Press (October, 1999).
(Une réfutation du relativisme moral et des entrevues avec un absolutiste)

Basinger, David. RELIGIOUS DIVERSITY:  A PHILOSOPHICAL ASSESSMENT  (Ashgate, 2002).
(Une évaluation philosophique sur la diversité religieuse)

http://www.peterkreeft.com/audio/05_relativism.htm

http://www.vow.org/viewpoints/essays/xxxxxxx-gasque-is_jesus_the_only_way.html

DEUX SORTES D’HUMANISME
“Dieu créa l’homme à son image,
il le créa à l’image de Dieu;
homme et femme il les créa.
Genèse 1.27

Le mot “humanisme” est devenu une sorte de sténo utilisé quand on parle de l’humanisme séculaire. Cela est malheureux puisque la chrétienté a un droit aussi grand à ce titre. 

L’humanisme, dans son sens original et de façon générale, signifie tout bonnement « une doctrine, une attitude ou façon de vivre en étant dévoué aux humains et à leurs valeurs. »
La forme d’humanisme la plus authentique et solide est l’humanisme chrétien.  Et on trouve sa base dans le chapitre du début de la Bible, lorsque Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance… »

Les Juifs et les Chrétiens comprennent que les êtres humains sont créés à l’image de Dieu, plutôt que de provenir d’accidents du hasard dans l’univers. Et c’est cela qui a servi de point d’attache qui a conservé le tissu social des sociétés occidentales ensemble durant des centaines d’années? Si on enlevait cette croyance, une grande partie de la civilisation occidentale s’effondrerait, en tombant en morceaux à cause d’une guerre culturelle concernant les « droits de l’individu ».C’est exactement ce que nous avons vu en Amérique du Nord depuis la révolution culturelle des années 60 où l’avortement, l’euthanasie, le suicide assisté par des médecins, toutes ces questions sont devenues des débats pour établir les droits qui montrent  que les personnes sont les plus importantes.  Les humanistes séculiers ne sont pas intéressés aux valeurs, qui pour eux, ne sont rien d’autres qu’une préférence et des opinions personnelles.  Pour eux, ce ne sont que des droits humains, au sujet desquels ils croient faussement qu’ils peuvent être établis de façon objective, sans faire référence à Dieu.     

La seule question que les humanistes séculiers voient dans le débat concernant l’avortement est celle qui est posée au sujet des droits de la femme à contrôler son corps, ce qui serait plus important que les droits d’un « fœtus » qui, selon les humanistes séculiers n’est pas encore tout à fait humain, de toute manière. (Sans aucun doute, l’enfant qui n’est pas encore né répondrait différemment s’il pouvait le faire.)  

Mais le Chrétien humaniste, qui observe le monde à travers les lentilles des Écritures, pose une question différente : « Est-ce que la valeur intrinsèque d’un être humain créé à l’image de Dieu, par Dieu, pèserait plus lourd dans la balance que la valeur de la liberté humaine? »  Et c’est certainement le cas.  Sinon, on pourrait justifier le meurtre de n’importe quel groupe de personnes, et pas seulement les enfants à naître, lorsque cela nous conviendrait et qu’on pourrait le faire sans être condamnés. 

Il faut garder en mémoire le cas d’Adolph Hitler, qui n’a respecté les « droits » des Juifs, des Polonais, des homosexuels, des Témoins de Jéhovah et des handicapés que durant le temps requis pour obtenir la puissance politique nécessaire pour faire condamner des personnes à l’esclavage ou l’incinération dans des fours géants, durant la Seconde guerre mondiale. Que Dieu nous protège de telles atrocités qui pourraient se répéter dans une autre nation qui se targue d’être « chrétienne ». Il n’est pas fait mention dans les Écritures que Dieu ait enlevé l’image de Dieu dans l’homme après qu’Adam et Ève ont été chassés du Jardin d’Eden. La croyance que les êtres humains sont créés à l’image de Dieu doit donc être un principe directeur pour notre société lorsqu’elle appuie une décision; cela nous oblige à respecter et tolérer ceux qui pensent différemment de nous.   

Les adhérents des autres religions, ceux qui n’ont aucun attachement à une religion, les gais et lesbiennes, les médecins qui acceptent de faire des avortements – tous sont créés à l’image de Dieu et tous conservent l’image de Dieu. Alors que nous nous engageons dans notre société pluraliste, nous devons toujours nous rappeler de cela. Quoique l’image puisse être déformée, nous n’avons pas la liberté de traiter ceux qui s’opposent à la volonté de Dieu comme s’ils avaient moins de valeur que ceux qui croient qu’ils ont été créés à l’image de Dieu et par Dieu. Voilà pourquoi on ne peut pas tuer les médecins meurtriers qui exécutent des avortements (Genèse 9.6). Voilà aussi pourquoi on ne doit pas « humilier ou maltraiter » les personnes homosexuelles (Jacques 3.6). C’est pour cette raison que les Chrétiens devraient soutenir la liberté religieuse et la dignité humaine des personnes qui ne sont pas chrétiennes. Nous devons être disposés à tolérer et respecter les opinions de ceux qui ne sont pas d’accord avec nous.  Toute autre façon d’agir est hypocrite.

On doit toutefois faire une distinction entre la tolérance et l’affirmation.  Tolérer veut dire accepter les différences alors que l’affirmation serait d’ignorer ces différences.  L’Église, la communauté sainte, ne doit pas compromettre sa propre position au nom de la tolérance. 

Malheureusement, dans notre zèle à détenir la vérité, les chrétiens ont parfois exagéré et manipulé les autres en utilisant des moyens politiques ou légaux pour en arriver à nos propres fins. Les premiers chapitres de Genèse, toutefois, nous présentent un Dieu dont le dessein pour nous serait de refléter librement son image dans le monde et non pas de faire ce qu’il commande avec du ressentiment. Ce ne serait pas normal pour Dieu d’utiliser la coercition pour nous forcer à faire partie de sa fraternité, de nous forcer à se modeler sur lui. Nous avons été conçus pour avoir besoin de lui, mais il ne nous manipule pas pour que nous devenions quelque chose que nous ne voulons pas devenir.  Son désir est que nous l’aimions, que nous le désirions. C’est seulement alors que nous pourrons être les personnes qu’il voulait que nous devenions lorsqu’il nous a créés : des porteurs de son image sur la terre.  Et, si nous voulons son image de façon fidèle, il va donc sans dire que nous n’userons pas de coercition pour forcer les humains à croire en lui non plus.  

COMMENTAIRES BIBLIOGRAPHIQUES

Il est important qu’au Canada, l’église mette l’Évangile dans son contexte pour la société canadienne et au-delà. Nous avons heureusement un nombre grandissant d’auteurs qui expriment cela de façons claires tout en nous lançant un défi.  Voici une liste d’excellents livres pour tous ceux qui veulent augmenter leur compréhension, optimiser leur travail dans le ministère et l’évangélisation.   

Bibby, Reginald     Restless Gods (des dieux impatients) 

Ce livre fait un examen très approprié sur les façons de penser des Canadiens au sujet de la religion.  Bibby fait une extrapolation des chiffres des dernières années et explique ce que ces chiffres nous disent. Les Canadiens ne sont pas attirés vers les questions générales quoiqu’ils ressentent toujours « quelque chose de difficile à définir ».  Il y a un mouvement vers l’ésotérisme.  Dans tout le pays, les gens font l’expérience du surnaturel mais cela ne signifie pas que ce soit dans une église.  Le Québec est une opportunité toute chaude pour l’évangélisation, selon les données fournies dans ce livre.  Bibby nous offre aussi des indications claires de la direction que le reste du Canada est en train de prendre.  Reginald Bibby enseigne à l’Université de Lethbridge.  Vous pouvez visiter son site web afin d’y trouver d’autres livres en rapport avec ce sujet. 

Emberley, Peter  C.    Divine Hunger, Canadians On Spiritual Walkabout
(La soif du divin – les Canadiens sont en balade spirituelle) 

Emberley analyse cette soif actuelle des Canadiens pour le spirituel.  Ce livre est d’autant plus utile qu’il a été écrit par un Canadien, au sujet des Canadiens.  Il jette un regard sur les « baby boomers » qui sont en quête de divinité.  Excellente source d’informations pour ceux qui veulent atteindre les Canadiens.   

Greenspon, Edward & Bricker D.   Searching For Certainty (À la recherche de la certitude)

Bricker est un enquêteur (sondeur) et Greenspon a reçu un prix comme journaliste.  Les deux sont des Canadiens qui ont passé beaucoup de temps à sonder d’autres Canadiens pour savoir ce qu’ils pensent.  Ce livre offre un survol des changements aux niveaux économique, social, et culturel qui sont en train de se faire dans l’esprit des Canadiens.

Posterski, Don & Nelson, Gary  Future Faith Churches  (Les églises de la foi future)

Don Posterski et Gary Nelson ont cherché des églises canadiennes qui nous conduiront dans le prochain millénaire.  Ils ont fait des entrevues en profondeur et des groupes de discussion avec le clergé et des membres des églises qui représentaient les chrétiens évangéliques et les églises protestantes et catholiques.  Future Faith Churches nous offre les résultats de leur recherche.

Mitchell, Marva     It Takes A Church To Raise A Village (Ça prend une église pour construire
un village)

L’église vit une période frénétique.  Les gens sont actuellement prêts à nous entendre si nous avons une attitude ouverte envers eux et leur démontrons de l’amour.  Des opportunités créatives de ministère abondent et le financement est disponible pour financer de nouveaux ministères grâce aux sources les plus invraisemblables; Mitchell se demande pourquoi l’église attend pour agir.

Otis, George, Jr.   God’s Trademarks  (Les marques de commerce de Dieu)

Il s’agit d’un examen convainquant de ce qui constitue un ministère valide.  On doit utiliser le fil à plomb de la Bible (ses lignes de conduite) afin de ne pas dérailler et demeurer pertinent.  Voilà une voix qui doit être considérée lorsqu’on s’implique dans « quelque chose de nouveau ».
Easum, William    Dancing With Dinosaurs   (Danser avec les dinosaures)

Ce livre a averti l’église de se préparer à des changements culturels massifs qui s’en viennent.  Malheureusement, plusieurs églises continuent de se comporter comme elles l’ont toujours fait et elles paient maintenant un prix élevé pour s’être caché la tête dans le sable.   

Pierce, Bart    Seeking Our Brothers  (à la recherche de nos frères)  

Les gens attendent de voir un peu plus l’église en action.  Nous disons que nous voulons aider les pauvres, « Montrez-le nous et arrêtez d’en parler », dit la culture qui nous entoure.

McLuhan, Eric  The Medium and the Light, Reflections on Religion (Les médias et la lumière – réflexions sur la religion)

Eric McLuhan a fait un recueil des fameuses réflexions de son père, Marshall McLuhan sur Dieu, sur les médias, la Bible, le christianisme, l’église et les Canadiens.  Ce sont des idées et perceptions brillantes et aussi très prophétiques.  McLuhan a prédit l’ère de l’information électronique et son impact sur la société et sur l’église.  Ses énoncés nous rappellent C.S. Lewis et ils empruntent le même style.  McLuhan est rarement mentionné par les leaders des églises canadiennes.  Il constitue un trésor canadien caché et nous devons le révéler et entendre ce qu’il a à dire.  Il était un pieux disciple de Christ.  Les écrits de McLuhan sont très pertinents en rapport avec ce qui nous confronte aujourd’hui, en tant que société.  Par contre, ses paroles peuvent mettre certaines personnes mal à l’aise.

Postman, Neil   Technopoly (Technopolie)   

Dans cette œuvre provocatrice, Neil Postman voit notre transformation d’une société qui utilise la technologie à une société qui est transformée par cette même technologie.  Il retrace ses effets sur notre perception de la politique, de l’intellect, de la religion, de l’histoire – et même de l’intimité et de la vérité. Mais, si la « technopolie » est dérangeante, elle représente quand même un cri de ralliement passionné qui est rempli de rationalisme et d’humanité, étant donné qu’elle défend les divers moyens par lesquels la technologie, placée dans le contexte de nos objectifs humains et nos valeurs sociales plus élevés, est un instrument inestimable pour progresser dans les entreprises humaines les plus valables.  Nous pouvons l’utiliser encore plus dans notre communication pour la cause de l’Évangile sans y perdre la sensation d’être en contact les uns avec les autres.  Mais il y a une déconnection qui est en train de se faire dans ce domaine et les gens ont un désir insatiable de contact… du toucher. 

Robinson, Martin    Rediscovering The Celts (Redecouvrir les Celtes)

Les Celtes étaient un peuple qui était dispose à faire tout ce qu’il était possible de faire pour rejoindre les autres pour le royaume de Christ.  Ils croyaient que la culture était un outil efficace qu’on pouvait utiliser pour répandre l’Évangile.  L’église celte possédait un zèle missionnaire et nous pouvons apprendre d’eux pour améliorer notre approche dans ce nouveau monde dans lequel nous vivons.

Sweet, Leonard   A Cup Of Coffee At The Soul Café    

Voilà un livre de philosophie chrétienne « terre à terre » qui n’a pas la prétention de surpasser quiconque.  Il peut être utile pour construire un pont vers les personnes ou pour débuter une conversation avec ceux qui font partie de notre culture.  Sweet écrit de façon similaire dans ses plus récents livres, incluant The Church in Emerging Culture: Five Perspectives. (L’église dans une culture émergente: cinq perspectives)
Pour les titres et les critiques, visitez le site web: sur 
www.leonardsweet.com